Entrez dans la danse de Jean Teulé | Entre nous … et les autres !

Entrez dans la danse de Jean Teulé

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Je suis une fan de Jean Teulé, alors forcément, je ne vais pas forcément être très objective, et pourtant Entrez dans la danse m’a interpellée. J’étais curieuse de découvrir cet événement.

Nous sommes le 15 juillet 1518, à Strasbourg, et alors qu’une femme vient de tuer son nouveau-né, faute de pouvoir le nourrir, elle se met à danser rue du Jeu-des-Enfants. Bientôt suivie par un, puis deux, puis des dizaines, des centaines, puis des milliers … Nuit et jour, jusqu’à la mort et ce pendant deux mois et demi …

Shakespeare l’a appelée la « peste dansante ». C’est arrivé une fois, puis plus jamais. Le désarroi de la population, des élus, de l’Eglise, est saisissant. Un excellent livre pour traiter un sujet difficile. Et pourtant comme toujours une pointe d’humour omniprésente parmi le cynisme et la misère.

Jean Teulé, 66 ans, est un romancier, auteur de bande dessinée français qui a également mis son talent au service de la télévision et du cinéma.

 

 

 

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« Rue du Jeu-des-Enfants, une femme sort d’une maison avec le sien dans les bras. Elle est blonde, constellée de tâches de rousseur sur le nez et les pommettes sans doute dues au soleil encore brûlant aujourd’hui à l’approche de midi. retenu au creux d’un coude gauche, le nourrisson ébloui, de trois mois, grimace. La jeune mère très mince, contre le front du petit, étend les doigts de sa main droite en visière pour le protéger de la lumière. Pâle, sans éclat ni luxe – robe grise de crin rêche et vaste voile noir usé enveloppant l’enfant nu dont la peau est si fragile -, ses pas la guident le long de la voie dans un choc régulier de sabots à travers des excréments en putréfaction, des odeurs fétides, des nuées de mouches. Aux abords d’une place entourée de façades à colombages, contre la porte d’un asile, décorée d’une croix, qu’on n’ouvre pas, des gens en haillons tambourinent. l’enfant frémit. La blonde lui bouche les oreilles. il plisse ses lèvres pour pleurer, elle y dépose un index et traverse un marché vide sans rien aux étals. A présent, sous les arcades d’une rue plus large, les galets arrondis qui la pavent tordent les chevilles de la mère jusqu’à un imposant bâtiment officiel surmonté d’une girouette aux couleurs rouges et blanches de la ville. Elle poursuit tout droit, atteint, à l’ombre des remparts, un pont couvert chapeauté d’une toiture. Au milieu de cette passerelle, elle s’arrête et jette son enfant à la rivière. Dans une onde chargée de chaux éteinte, mauvaise à boire, le nourrisson balance. Ses petits membres y ondulent comme s’il dansait. il culbute, roule parmi les remous pollués, pivote encore sur lui-même puis coule. Sa génitrice se retourne. Tout est dit pour elle. »

 

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