Emmanuel Dongala | Entre nous … et les autres !

Emmanuel Dongala

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Dorénavant, lorsque je vais à la médiathèque, je demande conseil à la bibliothécaire. C’est comme ça que je découvre de nouveaux auteurs, de nouveaux univers. L’unique question qu’elle me pose c’est si je veux rire ou pleurer ! J’ai opté pour le deuxième choix avec Photo de groupe au bord du fleuve d’Emmanuel Dongala.

 

 

 

 

 

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Emmanuel Boundzéki Dongala est né le 16 juillet 1941 en République Centrafricaine. C’est un écrivain et un chimiste de la République du Congo.

Son père est congolais et sa mère centrafricaine. Il étudie la chimie en France et aux Etats Unis pour devenir professeur de chimie à Brazzaville. En 1997, à cause des luttes fratricides qui plongent le Congo dans le chaos, Emmanuel Dongala est contraint de quitter son pays. Aidé par son ami Philip Roth, écrivain, il s’installe aux Etats Unis et travaille à l’université. Il est actuellement professeur de chimie et de littérature africaine francophone au Bard College dans le Massachussets.

Il a reçu en 2010 le prix Virilo et en 2011 le prix Ahmadou-Kourouma pour ce roman magnifique.

C’est à travers l’histoire d’une femme, Méréana, l’histoire de toutes les femmes d’Afrique et leurs conditions tragiques qui n’évoluent toujours pas comme il faudrait. Et le fait que ce soit un homme qui l’écrive est d’autant plus touchant.

Il faut dépasser quelques lenteurs dans les premiers chapitres et se laisser emporter par la dureté et la solidarité ambiantes.

Les premières lignes de ce livre extraordinaire :

« Tu te réveilles le matin et tu sais d’avance que c’est un jour déjà levé qui se lève. Que cette journée qui commence sera la sœur jumelle de celle d’hier, d’avant-hier et d’avant-avant-hier. Tu veux traîner un peu plus au lit, voler quelques minutes supplémentaires à ce jour qui point afin de reposer un brin plus longtemps ton corps courbatu, particulièrement ce bras gauche encore endolori par les vibrations du lourd marteau avec lequel tu cognes quotidiennement la pierre dure. Mais il faut te lever, Dieu n’a pas fait cette nuit plus longue pour toi.

Tes trois enfants dorment encore, deux garçons et une fille. Les deux garçons partagent un matelas étalé sur un contreplaqué à même le sol, dans la pièce qui sert de salon. La fille dort avec toi. Tu l’as recueillie, il y a un peu plus d’un an, après le décès de sa mère, ta sœur cadette. Morte du sida. Injuste mort. C’est à peine si elle y avait cru, lorsqu’elle s’était aperçue que tous les symptômes de sa maladie pointaient vers le sida : le zona, l’amaigrissement, le début des diarrhées et la toux tuberculeuse.

(…)

Tu arrêtes la radio. Et maintenant, en route pour le chantier.
Chantier est un bien grand mot d’ailleurs pour cette grande aire jonchée de grosses pierres et de rochers le long du fleuve. En cette saison c’est l’étiage, la meilleure période de l’année car on a moins de difficulté pour trouver la pierre. C’est l’époque où de gros blocs de grès jusque-là immergés se découvrent après le retrait des eaux, éparpillés sur le lit majeur du fleuve. Ces roches brisées en gros blocs puis concassés donnent le gravier utilisé dans tous les travaux qui ont besoin de pierres, du béton armé au simple gravillonnage des routes de terre. »

 

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