Laurent Gaudé – Danser les ombres | Entre nous … et les autres !

Laurent Gaud̩ РDanser les ombres

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Laurent Gaudé, j’avais adoré Le soleil des Scorta, alors lorsque j’ai vu son nouveau roman en tête de gondole, je n’ai pas hésité très longtemps. En avant pour Danser les ombres.

Né en 1972, Laurent Gaudé est un écrivain français qui a déjà obtenu plusieurs prix : prix Goncourt des Lycéens et prix des libraires pour La Mort du roi Tsongor en 2002 et prix Goncourt et prix du jury Jean-Giono pour Le Soleil des Scorta en 2004, un immense succès (tout de même traduit dans 34 pays !).

Titulaire d’une Maîtrise de Lettres et d’un DEA à Paris III, il débute en écrivant des pièces de théâtre : Combat de possédés, Onysos le Furieux, entre autres.

C’est l’histoire d’une jeune femme qui décide de reprendre sa vie en main suite à un décès. Elle retourne à Port-au-Prince, lieu de sa jeunesse et …

Une histoire magnifique qui m’a littéralement emportée. L’écriture est sublime. Jugez par vous-mêmes :

« Personne n’avait remarqué que les oiseaux s’étaient tus, que les poules, inquiètes, s’étaient figées de peur. Personne n’avait remarqué que le monde animal tendait l’oreille, tandis que les hommes, eux, continuaient à vivre.

Mais d’un coup, sans que rien ne l’annonce, d’un coup, la terre, subitement, refusa d’être terre, immobile, et se mit à bouger …

Durant trente-cinq secondes qui sont trente-cinq années …

… A danser, la terre …

… A trembler.

Ce n’est d’abord qu’un grondement, l’oscillation anormale des murs. Les hommes regardent les plafonds sans comprendre. Que se passe-t-il ? … Qui peut mettre un nom sur cela ? Les bouches s’ouvrent grandes, les yeux aussi. Ils suspendent leur phrase, leur main, leurs pensées. Ils regardent partout pour essayer de saisir ce qu’il se passe. Est-ce que ce vrombissement des murs, du sol, ne se produit qu’ici, ou dans tout le quartier ? … Est-ce que cela va durer ? … Les secondes passent mais elles semblent être dilatées à l’infini. Des bruits résonnent partout, étranges, et les hommes sont stupéfaits. Que se passe-t-il ? …

Et puis, la peur monte. Parce qu’ils comprennent. Partout où ils sont, les hommes n’ont pas encore nommé ce qui se produit mais ils comprennent le danger. La terre n’est plus terre mais bouche qui mange. Elle n’est plus sol mais gueule qui s’ouvre. A 16h53, les rues se lézardent, les murs ondulent. Toute la ville s’immobilise. Les hommes sont bouche bée, comme si la parole avait été chassée du monde. Trente-cinq secondes où les murs se gondolent, où les pierres font un bruit jamais entendu, jamais ressenti, de mâchoire qui grince.

Hommes, ce qui est sous vos pieds vit, se réveille, se tord, souffre peut-être, ou s’ébroue. La terre tremble d’un long silence retenu, d’un cri jamais poussé. »

Et je pourrais continuer encore longtemps tant l’écriture est remarquable, tout en retenue et en souffrance à demi-mot.

 

Laurent_Gaude

 

 

 

 

 

 

 

 

Il faut le lire ABSOLUMENT

 

 

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