L’Odyssée d’Homère | Entre nous … et les autres !

L’Odyssée d’Homère

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Je me souviens, c’était en 1984. J’étais en classe de Seconde et j’étudiais le grec ancien.

J’ai adoré toutes ces années de traduction, de version, est le terme exact. Le premier texte était le Chant VI Ulysse et Nausicaa de l’Odyssée d’Homère. Que d’heures passées à décrypter Homère, de délicieux instants durant lesquels mes livres et dictionnaires ont volé dans ma chambre plus d’une fois !

Voici la traduction de Leconte de Lisle (1867) :

Ainsi dormait là le patient et divin Odysseus, dompté par le sommeil et par la fatigue, tandis qu’Athènè se rendait à la ville et parmi le peuple des hommes Phaiakiens qui habitaient autrefois la grande Hypériè, auprès des Kyklôpes insolents qui les opprimaient, étant beaucoup plus forts qu’eux. Et Nausithoos, semblable à un Dieu, les emmena de là et les établit dans l’île de Skhériè, loin des autres hommes. Et il bâtit un mur autour de la ville, éleva des demeures, construisit les temples des Dieux et partagea les champs. Mais, déjà, dompté par la Kèr, il était descendu chez Aidés. Et maintenant régnait Alkinoos, instruit dans la sagesse par les Dieux. Et Athènè, la Déesse aux yeux clairs, se rendait à sa demeure, méditant le retour du magnanime Odysseus. Et elle entra promptement dans la chambre ornée où dormait la jeune vierge semblable aux Immortelles par la grâce et la beauté, Nausikaa, fille du magnanime Alkinoos. Et deux servantes, belles comme les Kharites, se tenaient des deux côtés du seuil, et les portes brillantes étaient fermées.

Athènè, comme un souffle du vent, approcha du lit de la jeune vierge, et, se tenant au-dessus de sa tête, lui parla, semblable à la fille de l’illustre marin Dymas, laquelle était du même âge qu’elle, et qu’elle aimait. Semblable à cette jeune fille, Athènè aux yeux clairs parla ainsi :

– Nausikaa, pourquoi ta mère t’a-t-elle enfantée si négligente ? En effet, tes belles robes gisent négligées, et tes noces approchent où il te faudra revêtir les plus belles et en offrir à ceux qui te conduiront. La bonne renommée, parmi les hommes, vient des beaux vêtements, et le père et la mère vénérable s’en réjouissent. Allons donc laver tes robes, au premier lever du jour, et je te suivrai et t’aiderai, afin que nous finissions promptement, car tu ne seras plus longtemps vierge. Déjà les premiers du peuple te recherchent, parmi tous les Phaiakiens d’où sort ta race. Allons ! demande à ton illustre père, dès le matin, qu’il fasse préparer les mulets et le char qui porteront les ceintures, les péplos et les belles couvertures. Il est mieux que tu montes aussi sur le char que d’aller à pied, car les lavoirs sont très éloignés de la ville.

Ayant ainsi parlé, Athènè aux yeux clairs retourna dans l’Olympos, où sont toujours, dit-on, les solides demeures des Dieux, que le vent n’ébranle point, où la pluie ne coule point, dont la neige n’approche point, mais où la sérénité vole sans nuage et qu’enveloppe une splendeur éclatante dans laquelle les Dieux heureux se réjouissent sans cesse. C’est là que remonta la Déesse aux yeux clairs, après qu’elle eut parlé à la jeune vierge.

Et aussitôt la brillante Eôs se leva et réveilla Nausikaa au beau péplos, qui admira le songe qu’elle avait eu. Et elle se hâta d’aller par les demeures, afin de prévenir ses parents, son cher père et sa mère, qu’elle trouva dans l’intérieur. Et sa mère était assise au foyer avec ses servantes, filant la laine teinte de pourpre marine ; et son père sortait avec les rois illustres, pour se rendre au conseil où l’appelaient les nobles Phaiakiens. Et, s’arrêtant près de son cher père, elle lui dit :

– Cher père, ne me feras-tu point préparer un char large et élevé, afin que je porte au fleuve et que je lave nos beaux vêtements qui gisent salis ? Il te convient, en effet, à toi qui t’assieds au conseil parmi les premiers, de porter de beaux vêtements. Tu as cinq fils dans ta maison royale ; deux sont mariés, et trois sont encore des jeunes hommes florissants. Et ceux-ci veulent aller aux danses, couverts de vêtements propres et frais, et ces soins me sont réservés.

Elle parla ainsi, n’osant nommer à son cher père ses noces fleuries ; mais il la comprit et il lui répondit :

– Je ne te refuserai, mon enfant, ni des mulets, ni autre chose. Va, et mes serviteurs te prépareront un char large et élevé propre à porter une charge.

Ayant ainsi parlé, il commanda aux serviteurs, et ils obéirent. Ils firent sortir un char rapide et ils le disposèrent, et ils mirent les mulets sous le joug et les lièrent au char. Et Nausikaa apporta de sa chambre ses belles robes, et elle les déposa dans le char. Et sa mère enfermait d’excellents mets dans une corbeille, et elle versa du vin dans une outre de peau de chèvre. La jeune vierge monta sur le char, et sa mère lui donna dans une fiole d’or une huile liquide, afin qu’elle se parfumât avec ses femmes. Et Nausikaa saisit le fouet et les belles rênes, et elle fouetta les mulets afin qu’ils courussent ; et ceux-ci, faisant un grand bruit, s’élancèrent, emportant les vêtements et Nausikaa, mais non pas seule, car les autres femmes allaient avec elle.

Et quand elles furent parvenues au cours limpide du fleuve, là où étaient les lavoirs pleins toute l’année, car une belle eau abondante y débordait, propre à laver toutes les choses souillées, elles délièrent les mulets du char, et elles les menèrent vers le fleuve tourbillonnant, afin qu’ils pussent manger les douces herbes. Puis, elles saisirent de leurs mains, dans le char, les vêtements qu’elles plongèrent dans l’eau profonde, les foulant dans les lavoirs et disputant de promptitude. Et, les ayant lavés et purifiés de toute souillure, elles les étendirent en ordre sur les rochers du rivage que la mer avait baignés. Et s’étant elles-mêmes baignées et parfumées d’huile luisante, elles prirent leur repas sur le bord du fleuve. Et les vêtements séchaient à la splendeur de Hèlios.

Après que Nausikaa et ses servantes eurent mangé, elles jouèrent à la balle, ayant dénoué les bandelettes de leur tête. Et Nausikaa aux beaux bras commença une mélopée. Ainsi Artémis marche sur les montagnes, joyeuse de ses flèches, et, sur le Tèygétos escarpé ou l’Erymanthos, se réjouit des sangliers et des cerfs rapides. Et les Nymphes agrestes, filles de Zeus tempêtueux, jouent avec elle, et Lètô se réjouit dans son coeur. Artémis les dépasse toutes de la tête et du front, et on la reconnaît facilement, bien qu’elles soient toutes belles. Ainsi la jeune vierge brillait au milieu de ses femmes.

Mais quand il fallut plier les beaux vêtements, atteler les mulets et retourner vers la demeure, alors Athènè, la Déesse aux yeux clairs, eut d’autres pensées, et elle voulut qu’Odysseus se réveillât et vît la vierge aux beaux yeux, et qu’elle le conduisît à la ville des Phaiakiens. Alors, la jeune reine jeta une balle à l’une de ses femmes, et la balle s’égara et tomba dans le fleuve profond. Et toutes poussèrent de hautes clameurs, et le divin Odysseus s’éveilla. Et, s’asseyant, il délibéra dans son esprit et dans son coeur :

– Hélas ! à quels hommes appartient cette terre où je suis venu ? Sont-ils injurieux, sauvages, injustes, ou hospitaliers, et leur esprit craint-il les Dieux ? J’ai entendu des clameurs de jeunes filles. Est-ce la voix des Nymphes qui habitent le sommet des montagnes et les sources des fleuves et les marais herbus, ou suis-je près d’entendre la voix des hommes ? Je m’en assurerai et je verrai.

Ayant ainsi parlé, le divin Odysseus sortit du milieu des arbustes, et il arracha de sa main vigoureuse un rameau épais afin de voiler sa nudité sous les feuilles. Et il se hâta, comme un lion des montagnes, confiant dans ses forces, marche à travers les pluies et les vents. Ses yeux luisent ardemment, et il se jette sur les boeufs, les brebis ou les cerfs sauvages, car son ventre le pousse à attaquer les troupeaux et à pénétrer dans leur solide demeure. Ainsi Odysseus parut au milieu des jeunes filles aux beaux cheveux, tout nu qu’il était, car la nécessité 1′y contraignait. Et il leur apparut horrible et souillé par l’écume de la mer, et elles s’enfuirent, çà et là, sur les hauteurs du rivage. Et, seule, la fille d’Alkinoos resta, car Athènè avait mis l’audace dans son coeur et chassé la crainte de ses membres. Elle resta donc seule en face d’Odysseus.

Et celui-ci délibérait, ne sachant s’il supplierait la vierge aux beaux yeux, en saisissant ses genoux, ou s’il la prierait de loin, avec des paroles flatteuses, de lui donner des vêtements et de lui montrer la ville. Et il vit qu’il valait mieux la supplier de loin par des paroles flatteuses, de peur que, s’il saisissait ses genoux, la s’irritât dans son esprit. Et, aussitôt, il lui adressa vierge ce discours flatteur et adroit :

– Je te supplie, ô Reine, que tu sois Déesse ou mortelle ! si tu es Déesse, de celles qui habitent le large Ouranos, tu me sembles Artémis, fille du grand Zeus, par la beauté, la stature et la grâce ; si tu es une des mortelles qui habitent sur la terre, trois fois heureux ton père et ta mère vénérable ! trois fois heureux tes frères ! Sans doute leur âme est pleine de joie devant ta grâce, quand ils te voient te mêler aux choeurs dansants ! Mais plus heureux entre tous celui qui, te comblant de présents d’hyménée, te conduira dans sa demeure ! Jamais, en effet, je n’ai vu de mes yeux un homme aussi beau, ni une femme aussi belle, et je suis saisi d’admiration. Une fois, à Dèlos, devant l’autel d’Apollôn, je vis une jeune tige de palmier. J’étais allé là, en effet, et un peuple nombreux m’accompagnait dans ce voyage qui devait me porter malheur. Et, en voyant ce palmier, je restai longtemps stupéfait dans l’âme qu’un arbre aussi beau fût sorti de terre. Ainsi je t’admire, O femme, et je suis stupéfait, et je tremble de saisir tes genoux, car je suis en proie à une grande douleur. Hier, après vingt jours, je me suis enfin échappé de la sombre mer. Pendant ce temps-là, les flots et les rapides tempêtes m’ont entraîné de l’île d’Ogygiè, et voici qu’un Dieu m’a Poussé ici, afin que j’y subisse encore peut-être d’autres maux, car je ne pense pas en avoir vu la fin, et les Dieux vont sans doute m’en accabler de nouveau. Mais, ô Reine, aie pitié de moi, car c’est vers toi, la première, que je suis venu, après avoir subi tant de misères. Je ne connais aucun des hommes qui habitent cette ville et cette terre. Montre-moi la ville et donne moi quelque lambeau pour me couvrir, si tu as apporté ici quelque enveloppe de vêtements. Que les Dieux t’accordent autant de choses que tu en désires : un mari, une famille et une heureuse concorde ; car rien n’est plus désirable et meilleur que la concorde à l’aide de laquelle on gouverne sa famille. Le mari et l’épouse accablent ainsi leurs ennemis de douleurs et leurs amis de joie, et eux-mêmes sont heureux.

Et Nausikaa aux bras blancs lui répondit :

– Etranger, – car, certes, tu n’es semblable ni à un lâche, ni à un insensé, – Zeus Olympien dispense la richesse aux hommes, aux bons et aux méchants, à chacun, comme il veut. C’est lui qui t’a fait cette destinée, et il faut la subir patiemment. Maintenant, étant venu vers notre terre et notre ville, tu ne manqueras ni de vêtements, ni d’aucune autre des choses qui conviennent à un malheureux qui vient en suppliant. Et je te montrerai la ville et je te dirai le nom de notre peuple. Les Phaiakiens habitent cette ville et cette terre, et moi, je suis la fille du magnanime Alkinoos, qui est le premier parmi les Phaiakiens par le pouvoir et la puissance.

Elle parla ainsi et commanda à ses servantes aux belles chevelures :

– Venez près de moi, servantes. Où fuyez-vous pour avoir vu cet homme ? Pensez-vous que ce soit quelque ennemi ? Il n’y a point d’homme vivant, et il ne peut en être un seul qui porte la guerre sur la terre des Phaiakiens, car nous sommes très chers aux Dieux immortels, et nous habitons aux extrémités de la mer onduleuse, et nous n’avons aucun commerce avec les autres hommes. Mais si quelque malheureux errant vient ici, il nous faut le secourir, car les hôtes et les mendiants viennent de Zeus, et le don, même modique, qu’on leur fait, lui est agréable. C’est pourquoi, servantes, donnez à notre hôte à manger et à boire, et lavez-le dans le fleuve, à l’abri du vent.

Elle parla ainsi, et les servantes s’arrêtèrent et s’exhortèrent l’une l’autre, et elles conduisirent Odysseus à l’abri du vent, comme l’avait ordonné Nausikaa, fille du magnanime Alkinoos, et elles placèrent auprès de lui des vêtements, un manteau et une tunique, et elles lui donnèrent l’huile liquide dans la fiole d’or, et elles lui commandèrent de se laver dans le courant du fleuve. Mais alors le divin Odysseus leur dit :

– Servantes, éloignez-vous un peu, afin que je lave l’écume de mes épaules et que je me parfume d’huile, car il y a longtemps que mon corps manque d’onction. Je ne me laverai point devant vous, car je crains, par respect, de me montrer nu au milieu de jeunes filles aux beaux cheveux.

Il parla ainsi, et, se retirant, elles rapportèrent ces paroles à la vierge Nausikaa.

Et le divin Odysseus lava dans le fleuve l’écume salée qui couvrait son dos, ses flancs et ses épaules ; et il purifia sa tête des souillures de la mer indomptée. Et, après s’être entièrement baigné et parfumé d’huile, il se couvrit des vêtements que la jeune vierge lui avait donnés. Et Athènè, fille de Zeus, le fit paraître plus grand et fit tomber de sa tête sa chevelure bouclée semblable aux fleurs d’hyacinthe. De même un habile ouvrier qui répand de l’or sur de l’argent, et que Hèphaistos et Pallas Athènè ont instruit, achève de brillantes oeuvres avec un art accompli, de même Athènè répandit la grâce sur sa tête et sur ses épaules. Et il s’assit ensuite à l’écart, sur le rivage de la mer, resplendissant de beauté et de grâce. Et la vierge, l’admirant, dit à ses servantes aux beaux cheveux :

– Ecoutez-moi, servantes aux bras blancs, afin que je dise quelque chose. Ce n’est pas malgré tous les Dieux qui habitent l’Olympos que cet homme divin est venu chez les Phaiakiens. Il me semblait d’abord méprisable, et maintenant il est semblable aux Dieux qui habitent le large Ouranos. Plût aux Dieux qu’un tel homme fût nommé mon mari, qu’il habitât ici et qu’il lui plût d’y rester ! Mais, vous, servantes, offrez à notre hôte à boire et à manger.

Elle parla ainsi, et les servantes l’entendirent et lui obéirent ; et elles offrirent à Odysseus à boire et à manger. Et le divin Odysseus buvait et mangeait avec voracité, car il y avait longtemps qu’il n’avait pris de nourriture. Mais Nausikaa aux bras blancs eut d’autres pensées ; elle posa les vêtements pliés dans le char, y monta après avoir attelé les mulets aux sabots massifs, et, exhortant Odysseus, elle lui dit :

– Lève-toi, Etranger, afin d’aller à la ville et que je te conduise à la demeure de mon père prudent, où je pense que tu verras les premiers d’entre les Phaiakiens. Mais fais ce que je vais te dire, car tu me sembles plein de sagesse : aussi longtemps que nous irons à travers les champs et les travaux des hommes, marche rapidement avec les servantes, derrière les mulets et le char, et, moi, je montrerai le chemin ; mais quand nous serons arrivés à la ville, qu’environnent de hautes tours et que partage en deux un beau port dont l’entrée est étroite, où sont conduites les nefs, chacune à une station sûre, et devant lequel est le beau temple de Poseidaôn dans l’agora pavée de grandes pierres taillées ; – et là aussi sont les armements des noires nefs, les cordages et les antennes et les avirons qu’on polit, car les arcs et les carquois n’occupent point les Phaiakiens, mais seulement les mâts, et les avirons des nefs, et les nefs égales sur lesquelles ils traversent joyeux la mer pleine d’écume ; – évite alors leurs amères paroles, de peur qu’un d’entre eux me blâme en arrière, car ils sont très insolents, et que le plus méchant, nous rencontrant, dise peut-être : – Quel est cet étranger grand et beau qui suit Nausikaa ? Où l’a-t-elle trouvé ? Certes, il sera son mari. Peut-être l’a-t-elle reçu avec bienveillance, comme il errait hors de sa nef conduite par des hommes étrangers, car aucuns n’habitent près d’ici ; ou peut-être encore un Dieu qu’elle a supplié ardemment est-il descendu de l’Ouranos, et elle le possédera tous les jours. Elle a bien fait d’aller au-devant d’un mari étranger, car, certes, elle dédaigne les Phaiakiens illustres et nombreux qui la recherchent ! – Ils parleraient ainsi, et leurs paroles seraient honteuses pour moi. Je blâmerais moi-même celle qui, à l’insu de son cher père et de sa mère, irait seule parmi les hommes avant le jour des noces. Ecoute donc mes paroles, Etranger, afin d’obtenir de mon père des compagnons et un prompt retour. Nous trouverons auprès du chemin un beau bois de peupliers consacré à Athènè. Une source en coule et une prairie l’entoure, et là sont le verger de mon père et ses jardins florissants, éloignés de la ville d’une portée de voix. Il faudra t’arrêter là quelque temps, jusqu’à ce que nous soyons arrivées à la ville et à la maison de mon père. Dès que tu penseras que nous y sommes parvenues, alors, marche vers la ville des Phaiakiens et cherche les demeures de mon père, le magnanime Alkinoos. Elles sont faciles à reconnaître, et un enfant pourrait y conduire ; car aucune des maisons des Phaiakiens n’est telle que la demeure du héros Alkinoos. Quand tu seras entré dans la cour, traverse promptement la maison royale afin d’arriver jusqu’à ma mère. Elle est assise à son foyer, à la splendeur du feu, filant une laine pourprée admirable à voir. Elle est appuyée contre une colonne et ses servantes sont assises autour d’elle. Et, à côté d’elle, est le thrône de mon père, où il s’assied, pour boire du vin, semblable à un Immortel. En passant devant lui, embrasse les genoux de ma mère, afin que, joyeux, tu voies promptement le jour du retour, même quand tu serais très loin de ta demeure. En effet, si ma mère t’est bienveillante dans son âme, tu peux espérer revoir tes amis, et rentrer dans ta demeure bien bâtie et dans la terre de la patrie.

Ayant ainsi parlé, elle frappa les mulets du fouet brillant, et les mulets, quittant rapidement les bords du fleuve, couraient avec ardeur et en trépignant. Et Nausikaa les guidait avec art des rênes et du fouet, de façon que les servantes et Odysseus suivissent à pied. Et Hèlios tomba, et ils parvinrent au bois sacré d’Athènè, où le divin Odysseus s’arrêta. Et, aussitôt, il supplia la fille du magnanime Zeus :

– Entends-moi, fille indomptée de Zeus tempêtueux ! Exauce-moi maintenant, puisque tu ne m’as point secouru quand l’Illustre qui entoure la terre m’accablait. Accorde-moi d’être le bien venu chez les Phaiakiens, et qu’ils aient pitié.

Il parla ainsi en suppliant, et Pallas Athènè l’entendit, mais elle ne lui apparut point, respectant le frère de son père ; car il devait être violemment irrité contre le divin Odysseus jusqu’à ce que celui-ci fût arrivé dans la terre de la patrie.


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