L’art du XVe siècle ou la Renaissance maniériste | Entre nous … et les autres !

L’art du XVe siècle ou la Renaissance maniériste

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C’est un siècle de crise, de grands changements mais avec une effervescence artistique énorme et des grands, très grands artistes : Léonard de Vinci, Raphaël, Michel-Ange et Titien. Les t »moins d’une révolution esthétique et philosophique.

Ils se croisent à Rome, Florence, Venise, Milan, créant un effet d’émulation réciproque pour eux-mêmes et tous les artistes des générations futures.

L’artiste commence à être divin, c’est un être à part, qui peut déroger aux normes.

1/ Léonard de Vinci

Léonard est né en 1452 à Vinci. D’emblée, on voit l’infinie variété d’intérêt : peintre, architecte, sculpteur, orfèvre, musicien, inventeur d’instruments de musique, homme de science. Toute cette palette n’est pas particulière, c’est un homme de son temps. L’approche de la connaissance est universaliste. L’approche scientifique va de pair avec le travail de peintre et de musicien. Pour dominer la réalité, il faut en connaitre tous les aspects. La peinture est mentale.

Il fait son apprentissage à Florence avec Andréa del Verrocchio. À la vue de ses qualités, le maître arrête de peindre, il se concentre sur la sculpture. Léonard a 18 ans, il montre ses intérêts principaux : le Sfumato. Léonard, scientifique, observe la nature, les phénomènes naturels. L’air est rempli de particules, d’humidité, qui colore les ombres et affecte notre vision. On ne voit pas les lignes de contour mais un passage progressif.

Il passe par l’anatomie pour faire passer l’émotion, transparaitre à travers le corps humain (os, épiderme, …), la subtilité du visage, l’état d’âme, l’intérieur.
Pour exemple les portraits de Cecilia Gallerani et Isabelle d’Este (puissante femme d’état), il privilégie l’invention à l’exécution. Les commanditaires ont beaucoup attendu (10 ans) pour un dessin sur un carton. Pour La Joconde (Mona Lisa), son mari commande le portrait qu’il ne verra jamais. Il mourra avant. Le processus créatif prend le temps du développement de sa pensée.

Léonard et Michel-Ange se croisent et se confrontent. Ils abordent la décoration de la salle du Grand Conseil à Florence en 1503. Il s’agit d’une peinture murale rappelant la victoire des florentins sur les milanais en 1440 lors de la bataille d’Anghiari pour Léonard et sur le mur d’en face, la représentation quelques mois plus tard, d’une fresque pour la bataille de Cascina en 1364 par Michel-Ange.
Ni l’un ni l’autre n’achèvera le travail. Mais nous avons des témoignages graphiques. Pour Léonard, les pigments choisis ne tiennent pas, il abandonne donc. Malgré tout, des artistes au 17ème siècle ont pu voir le carton et des dessins à l’échelle sont aujourd’hui, visibles. Les personnages sont torturés. Pour Michel-Ange, il abandonne pour se rendre à Rome. La copie de son carton dévoile une vision de la bataille dans laquelle les personnages sont surpris. Et c’est cette surprise qui conduit les attaquants à la victoire.

Léonard se lance alors dans un autre défi : Sainte Anne, la Vierge et l’Enfant en 1508. Le processus créatif aura duré 10 ans. Le projet évolue lentement. Un carton, daté de 1500, est exposé à la National Gallery de Londres.

2/ Raphaël

Raphaël (1483 – 1520) sera impacté par ce travail. De 1504 à 1508, il sera à Florence. Il va peindre la Madone et intégrer la même réflexion que Léonard : structure pyramidale, jeu de regard des personnages identique et paysage avec le sfumato. Plus tard, il monumentalisera ses productions.

En 1508, il arrive à Rome. Il est appelé par le pape Jules II pour la décoration de ses appartements : la chambre de la signature (1509 – 1511). Il n’a aucune expérience dans la peinture à fresque. Et là, à Rome, il va devenir un entrepreneur redoutable en montant un atelier avec une cinquantaine de collaborateurs (les plus grands artistes de l’époque). Ils seront fidèles à sa pensée et peindront en son nom. Grâce à ce système, il honore toutes ses nombreuses commandes. Et la touche « Raphaël » est toujours présente même s’il ne peint pas lui-même. Lorsqu’il est l’auteur de ses toiles, il peint ses œuvres avec une touche affective très personnelle.

3/ Michel-Ange

Il s’inspire de sa propre spiritualité et philosophie. Il laisse transparaitre la difficulté de vivre de son époque. Sa première œuvre est la Bataille des Centaures : les cors sont entremêlés avec un personnage au centre qui lève les bras, gestuel qui va générer un mouvement circulaire, centrifuge dans la composition. Une attention à ce mouvement rotatoire que l’on retrouvera dans le jugement dernier de la chapelle Sixtine.
Son art favori est la sculpture, art par soustraction de matière.
Michel-Ange, c’est le Non Finito. Une idée mise en œuvre qui est l’inverse du trop fini de la Pieta (1499) en marbre, où la matière s’efface pour signifier la perfection des formes. La mère et le fils ont le même âge. Le pêcher n’a pas corrompu son corps. Composition pyramidale (stable, solide, immobile) parcourue par un mouvement interne, dynamique véhiculée par les lignes du corps brisées de Jésus et par la richesse du drapé lourd du manteau de la Vierge. Alors que par la tête de la Vierge et son buste, le dramatique est figuré, degré très tourmenté. La main gauche tournée vers le ciel est un signe d’acceptation, de résignation, de douleur. Une opposition au sfumato de Léonard de Vinci. Il cherche l’absolu et à dépasser la nature.
« Tondo Doni » (1504 – 1505) : à l’occasion d’un mariage, une palette originale avec des couleurs faciles, peu d’ajout de blanc et de noir. Attention aux mouvements circulaires créés par les bras. La figure serpentine donne un mouvement interne. A l’arrière-plan, une série de nus (inspirés de la statuaire antique). Ils participent activement au sens voulu de ce panneau : histoire de l’humanité, c’est l’époque païenne, avant Moïse. Au deuxième plan, une bande grise, qui symbolise la séparation entre les deux mondes (Saint Jean Baptiste enfant, à droite, le précurseur, le dernier qui reconnait le Messie). La loi sous la grâce avec la Sainte famille et le Christ.
On retrouvera ça à la chapelle Sixtine avec la « création des astres » (1508 – 1512) : un trompe l’œil avec une iconographie qui synthétise le livre de la Génèse.
L’idée c’est de mettre l’accent sur la création de l’humanité et la chute de l’homme. Les nus sont l’intermédiaire entre l’homme et Dieu. Une anatomie puissante avec des contorsions (lignes brisées du corps). Présence des prophètes et de Sibylle.
« Le jugement dernier » : force visuelle et complexité théologique. Le Christ est jeune, imberbe, puissant. C’est l’Apollon du Belvédère. Le Dieu du Soleil entouré d’une aura solaire qui le rapproche de la figure païenne. La Vierge n’y peut rien, elle est recroquevillée. Les âmes s’extraient du sol, recouvrent le prochain, montent vers le ciel et rejoignent la cohorte des élus. Les damnés retournent en enfer. Tout comme Dante dont Michel-Ange est un fervent lecteur. Le mouvement rotatoire sert à signifier que le temps linéaire n’est plus. C’est la fin des temps, pas de perspective, l’espace réel n’a plus lieu d’être.

4/ Et ensuite …

Léonard, Raphaël et Michel-Ange sont des artistes à imiter.
Le maniérisme est la manière moderne qui surpassera, dominera ceux qui ont déjà dépassé l’imitation du monde. La limitation est celle de ces maitres au sommet de leur art. C’est le point de départ des autres artistes.

Les caractéristiques du maniérisme : la juxtaposition des figures, l’allongement des formes, les nouvelles couleurs, …

Rosso Fiorentino « Descente de croix » (1521) : les trois Maries. Mise en scène de corps anguleux, lumières irréelles, pas de profondeur, utilisation de couleurs particulières avec le bleu qui devient rouge.

Jacopo Pontormo « Déposition » : orchestration chromatique, un sens de l’espace qui nous laisse interloqué. Des mouvements rotatoires qui montrent ostensiblement la main du Christ. Des personnages sans volume, sans corps qui effleurent le sol de leurs orteils. La question n’est plus de réfléchir au naturalisme, à la réalité, le corps n’as plus de poids.

Titien « Danaé et la pluie d’or » (1545) : peinture vénitienne avec une technique différente qui consiste à peindre à même la toile, parce que le bois ne tient pas à Venise, il y fait trop humide. La texture va accrocher la lumière, c’est vibrant, charnel.

Titien « Vénus au miroir (1555) : caractère charnel dans le sujet et la matière.

Titien « Portrait de l’arétin » : palette restreinte avec trois couleurs, un pinceau rapide, large pour poser la matière qui va accrocher la lumière et faire vivre le personnage qui était « une grande gueule » ! Les formes se constituent en s’éloignant.

Titien « Le supplice de Marsyas » (1570 – 1576) : peinture avec un pinceau rapide, riche avec une grande liberté.

 

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