Le monde gothique et ses expérimentations plastiques | Entre nous … et les autres !

Le monde gothique et ses expérimentations plastiques

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On assiste à un raffermissement du pouvoir royal. Les liens entre l’homme d’église et l’homme de pouvoir se renforcent. La monarchie française grâce à l’église et au peuple. Louis VI est aimé de ses sujets, il en est proche.

La cathédrale de Chartres montre des signes visibles de l’amélioration des conditions de vie et du pouvoir de Dieu sur terre. Le style gothique répond aussi à des contraintes budgétaires des architectes. L’architecture gothique est celle d’une société à ressources limitées qui s’ingénue à produire de grands chefs d’œuvre. Elle cherche à ouvrir les espaces les uns par rapport aux autres et à augmenter la lumière.
Le style rayonne autour de Paris uniquement.

C’est aussi l’apparition de la pensée scolastique : principe de philosophie antique et de théologie chrétienne. Pour exemple, la Bible est divisée en chapitres et en versets. C’est l’engouement de la hiérarchisation et de la structuration des écrits, de la pensée.

1/ Abbé Suger de Saint Denis : un manifeste gothique

« Petit de corps et de famille, poussé par sa double petitesse, refusa dans sa petitesse d’être petit » , épitaphe de l’Abbé Suger.
À l’aube du règne de Louis VII, il a la stature d’un homme d’état. Il est brillant. C’est un auteur du Moyen Âge qui écrit sur sa pensée et son action. Il confie à la plume et à l’encre un écrit pour l’éternité.
Il rédige le Scriptum Consecrationis : circonstances de la construction de la Basilique incluant les éléments miraculeux. Est représentée à Saint Denis, la pensée sur la théologie de la lumière divine qui, en passant (les vitraux) dans les objets, les transcendent et permet par la même occasion à l’homme de s’élever spirituellement.
Rien n’est trop beau pour Dieu, un véritable trésor : trône de Dagobert, aigle du Suger, …).

L’architecture de Saint Denis (1130 – 1140) est un manifeste : le gothique s’affirme (opus francigenum). C’est la première à dépendre de Rome.

Sur la façade extérieure, des créneaux en décoration : pratiques si les circonstances l’exigent (forteresse contre l’assaillant). Sur les portes, les inscriptions vont dans le caractère anagogique : un chemin où l’esprit peut s’élever.

On garde l’ancien édifice où se trouve le corps de Denis) et on construit tout autour. En 1140, Suger décide de déplacer les trois reliquaires d’un étage pour les exposer dans la Basilique. Pour les parties orientales, c’est le principe du déambulatoire, c’est-à-dire, deux couloirs de circulation autour du chœur pour une meilleure gestion des flux à l’intérieur de l’église.
Il y a une multiplication des chapelles, des autels et des messes. L’édifice à un but lucratif, c’est payant. Pendant les messes, le prêtre tourne le dos aux fidèles (ce n’est qu’en 1960, Vatican II, qu’il se trouve face).
Le coût des vitraux est équivalent à la construction en pierre.

2/ L’enluminure autour de 1200

Dans les villes s’installent des ateliers pour la fabrication des livres. Il y a une forte demande des aristocrates. Paris devient le premier grand centre culturel. C’est la création de l’Université de Paris.
Un léger décalage par rapport à l’architecture. Les valeurs humaines et l’expression du sentiment prennent de la place.

  • Psautier d’Ingeburge

La reine du Danemark, du grand nord, se fait répudier par Philippe Auguste le lendemain de sa nuit de noce. Deux artistes ont participé. L’âme est recueillie, représentée sous la forme d’un enfant nu. La gestuelle est exacerbée, les drapés inspirés de l’Antiquité (plis tuyautés).

  • Psautier de Blanche de Castille

Les drapés sont des plis à becs (style avec zigzag).

  • Bible du Cardinal Maciejowski
  • Psautier de Saint Louis (commande de la Sainte Chapelle de Paris pour abriter les reliques du Christ) : miniaturisation de l’architecture.

3/ Les drôleries marginales

Les scènes sont indépendantes du texte OU font partie d’un ensemble et se répondent de pages en pages.

  • Le livre d’heures de Jeanne d’Evreux, Jean Pucelle

Il fait 5 sur 7. Il est donc tout petit, fabriqué avec minutie. Le livre n’est plus que liturgique, mais c’est un livre qu’on a chez soi. On rentre chez les laïques, les enlumineurs seront obligés de réduire l’ouvrage. Les scènes religieuses vont cohabiter avec un univers beaucoup plus léger. On ne connait d’ailleurs pas toujours les relations entre les deux.

  • Miracles de Notre Dame, Gautier de Coinci

On parodie : un moine avec une queue de dragon, un lapin qui tente de dresser un chien.

  • Bataille de l’Ecluse
  • Préparatifs de Médée pour rajeunir Éson

Un monde érotique, scatologique.

4/ Italie  les prémices d’une renaissance (1280 – 1290)

Des œuvres qui s’éloignent du Byzantin pour aller vers le figuratif. C’est peindre la vie et le naturalisme

  • Maesta de Ducio : fond d’or, position hiératique de la Vierge. Attachement relativement fort
  •  Maesta de Giotto : modernité, ouverture de la voir vers la Renaissance (le rose de l’enfant)
  • Assise, Basilique de Saint François : représentation de la nature

5/ La sculpture

  • Portail royal de Chartres : un Christ entouré du tétramorphe, animaux figés
  • Portail de Reims : personnages inspirés de l’Antique avec des drapés lourds et épais
  • Adam de Notre Dame de Paris : retour au corps, à l’Antiquité pour les nus. Le « contra posto » (le poids sur un pied), comme lorsqu’on attend le bus ! Une position antique avec des restes de polychromie, un rose tendre pour représenter la chair.

En Allemagne, c’est le paroxysme de l’expressivité avec la mise en avant des émotions : Vierges sages et vierges folles de la cathédrale de Magdebourg.

 

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