Peindre, pêcher et laisser mourir de Peter Heller | Entre nous … et les autres !

Peindre, pêcher et laisser mourir de Peter Heller

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Je suis une grande fan de l’émission La grande Librairie le mercredi soir présentée par François Busnel. Et un libraire, fou passionné de son métier, a parlé d’un livre qui a tout de suite retenu mon attention : Peindre, pêcher et laisser mourir de Peter Heller.

C’est l’histoire d’un homme Jim Stegner, peintre, fou de pêche, que la vie n’a pas épargné. Un jour, il se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. Mais c’est plus fort que lui. Il prend la défense d’une jument maltraitée et …

Ce livre est passionnant. Difficile de le lâcher. Il m’a accompagnée partout ! BRAVO et à déguster sans modération.

 

 

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Peter Heller, 60 ans, est un écrivain américain. C’est son deuxième roman.

 » Jamais je n’aurais imaginé qu’un jour, je tirerais sur un homme. Que je deviendrais père. Que je vivrais si loin de la mer. Enfant, on imagine parfois sa vie future, à quoi elle ressemblera.

Jamais je n’aurais cru que je deviendrais peintre. Que je pourrais créer un monde et y pénétrer pour m’y perdre. Que l’art serait une chose que je ne pourrais pas ne pas pratiquer.

Mon père à moi était bûcheron. Un très doux, qui ne s’est jamais battu avec personne.

Jamais je n’aurais cru que ma fille serait aussi belle et forte que ma mère. Ni qu’elle ne la connaîtrait jamais. Ou qu’un après-midi au Boxcar à Taos je descendrais un Jim Beam au fond d’une bière et que Lauder Simms serait assis sur le tabouret d’à côté à s’envoyer une vodka tonic, sans doute sa quatrième ou cinquième, dans un bruit qui me ferait dresser les poils sur la nuque, posant sans cesse ses yeux humides sur nous. Ce salopard avait échappé de peu à une condamnation pour le viol d’une gamine de douze ans dans le cinéma qu’il gérait en ville, et là, il m’a regardé.

“Jim, c’est qu’elle grandit joliment, ta fille. J’aime bien la voir à mon cinéma.”

“Je te demande pardon ?”

“Des jambes à n’en plus finir comme sa maman, et pas trop maigres non plus.”

“Répète ?”

“Je veux pas dire qu’elles sont trop maigres, Jim. Je dis juste que…” Son regard concupiscent, ses lèvres mouillées d’alcool. “Ça l’intéresse vraiment, les films. Tout ce qui est autour des films. Je vais la prendre en apprentissage pour en faire ma petite projectionniste…”

Jamais je n’aurais cru que ça pouvait être un réflexe, un truc qu’on fait sans réfléchir : sortir le calibre .41, le brandir vers l’homme à moitié tourné sur son tabouret, appuyer sur la détente. À bout portant. La déflagration dans la pièce sans fenêtre. La façon dont tout explose comme dans un rêve et la façon dont mon ami Johnny s’est jeté par-dessus le bar, m’a pris le bras pour m’empêcher de tirer à nouveau. L’ami qui, dans une certaine mesure, m’a sauvé la vie parce que l’homme qui aurait dû mourir n’est jamais mort. La façon dont le coup de feu a résonné pendant des heures dans le bar, dans ma tête. Résonné pendant des années.

J’ai représenté cet instant dans un tableau, l’explosion des couleurs, les visages.

Le regret est corrosif, mais s’il y a bien une chose qu’il n’attaque pas, c’est cet après-midi-là, jamais. »

 

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