Emile Zola | Entre nous … et les autres !

Emile Zola

La_Bête_Humaine

Si je vous dis les Rougon-Macquart, vous me répondez ?
- Je ne sais et je n’ai pas envie de savoir
- Mon pire cauchemar
- Ah oui, j’étais au lycée … je devais … et en fait je ne l’ai jamais lu !
- Je suis tombé dessus à l’oral … j’ai complètement merdé !
- … ??? !!!
Eh bien moi, je vous réponds : Emile Zola ! et j’irais même plus loin : « La Bête Humaine » et j’ajouterais, effrontée que je suis, que j’ai ADORE !!!
Je n’ai jamais pu lire une seule ligne des Å“uvres de Zola (à l’exception de « Au bonheur des Dames ») et à la suite d’un « malentendu », me voilà « contrainte » de lire « La Bête Humaine ».

Un joyau de la langue française, une pure merveille de modernité pour cet auteur né en 1840. Je me suis laissée porter par cette histoire de folie homicide chez un jeune machiniste, Jacques Lantier, fils de Gervaise. Témoin d’un meurtre, il devient à son tour meurtrier, ne contrôlant plus cette pulsion animale qui le ronge depuis des années. La fin est tragique comme toute l’histoire d’ailleurs qui se déroule dans le monde des cheminots  où tourments, tromperie, misère, vice, colère, violence font partie de leur quotidien. Des personnages, des lieux, décrits avec une précision frôlant la maniaquerie. Du véritable travail d’orfèvre !

« La famille n’était guère d’aplomb, beaucoup avaient une fêlure. Lui, à certaines heures, la sentait bien, cette fêlure héréditaire ; non pas qu’il fût d’une santé mauvaise, car l’appréhension et la honte de ses crises l’avaient seules maigri autrefois ; mais c’étaient, dans son être, de subites pertes d’équilibre, comme des cassures, des trous par lesquels son moi lui échappait, au milieu d’une sorte de grande fumée qui déformait tout. Il ne s’appartenait plus, il obéissait à ses muscles, à la bête enragée. Pourtant il ne buvait pas, il se refusait même un petit verre d’eau-de-vie, ayant remarqué que la moindre goutte d’alcool le rendait fou. Et il en venait à penser qu’il payait pour les autres, les pères, les grands-pères, qui avaient bu, les générations d’ivrognes dont il était le sang gâté, un lent empoisonnement, une sauvagerie qui le ramenait avec les loups mangeurs de femmes, au fond des bois.
Jacques s’était relevé sur un coude, réfléchissant, regardant l’entrée noire du tunnel, et un nouveau sanglot courut de ses reins à sa nuque, il retomba, il roula sa tête par terre, criant de douleur. Cette fille, cette fille qu’il avait voulu tuer ! Cela revenait en lui, aigu, affreux, comme si les ciseaux eussent pénétrer dans sa propre chair. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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