La représentation de l’univers du 3ème siècle avant JC est très structurée :
-         L’Egypte avec ses provinces (au milieu : la douat = le souterrain)
-         Les confins du monde (un anneau liquide : noun = eaux primordiales)
-Â Â Â Â Â Â Â Â Â Le monde des Dieux (au-dessus)
La voute céleste : la déesse Nout qui avale le soleil le soir et le rend le matin. Enfin, un trajet terrestre et souterrain d’ouest en est.
Cet accès au monde souterrain remonte à une époque ancienne (la vie après la mort). Dans les tombes royales à Oumm el Gaab, on trouve des jarres en terre ou en pierre, des sarcophages. Elles sont conçues comme un palais royal en réduction. Elles bénéficient des attributs de luxe et de puissance d’un roi. Dans la configuration : la tombe du roi est la première, puis derrière viennent les petites tombes des serviteurs, comme la queue d’une comète. Le roi entraîne avec lui ces derniers qui auront accès au monde souterrain.
Deux cents ans plus tard, la tombe royale est au centre : gens de la famille royale, hommes et femmes, fonctionnaires, animaux liés à la personne du roi (lionceaux, éléphanteaux, chiens). Le roi est le successeur de Dieu.
La nécropole du roi est complexe : un temple situé dans la vallée, une chaussée qui monte vers la pyramide, un temple adossé à la pyramide qui abrite à l’intérieur ou dessous, la chambre où se trouve le sarcophage royal. La disposition des tombes des membres de la cour est la suivante : à côté, les reines, et tout autour les fils, frères, sœurs du roi ; au sud, le chef du trésor et à l’ouest le premier ministre. Toutes les tombes sont construites par faveur royale : les architectes et les maçons vont réaliser des décors. Ces éléments sont de qualité exceptionnelle. En contrebas, dans une faille, avec des statues plus modestes reposent les ouvriers.
Vers la fin de l’époque pyramide 5ème dynastie, les nécropoles évoluent. Dans la partie nord : adjonction d’un accès pour descendre vers la chambre souterraine, à l’aplomb du sommet de la structure. Des herses de granit pour arriver à l’anti chambre et de part et d’autre, à l’est une chambre et à l’ouest la chambre avec le sarcophage royal. Les parois sont couvertes de textes. En observant l’orientation des hiéroglyphes, on s’aperçoit qu’ils sont faits pour la personne qui se trouve déjà à l’intérieur et qu’ils sont autant d’indications sous une forme qui ne permet pas de lire pour trouver la sortie. Ils sont gravés en colonne et comportent des pigments verts (associés à la jeunesse, la vigueur, la régénération). On retrouve la déesse Nout qui avale le soleil le soir et le remet au monde le matin. La personne à l’intérieur que Nout va mettre au monde, c’est le roi, sous la forme d’un soleil, être immortel que l’on ne peut pas voir. Le roi suit le corridor et sort à la face nord de la pyramide. Il est associé au voyage du soleil et les gens autour seront associés à ce culte. Les sujets survivent grâce à un circuit d’offrandes consacrées.
À la fin de l’ancien empire, on assiste à une prise de pouvoir par un gouverneur de province qui va avoir des prétentions quasi royales. Ils se feront tous enterrer, non pas proche des pyramides, mais dans des nécropoles locales avec des imitations d’objets royaux. C’est la désacralisation du lien vie après la mort. On va se tourner vers une divinité Osiris dont le culte va prendre un grand essor. Tout un chacun aura droit à une vie posthume glorieuse.
Osiris est né de la déesse du ciel, assassiné et décapité par son frère et le corps jeté dans le fleuve. Sa sœur Isis va retrouver le corps et le re-souder à la tête. Puis, les morceaux seront dispersés de nouveau à travers toute l’Egypte et grâce à Anubis, ils seront encore reconstitués. Osiris est la première momie. Il sera ressuscité pour un bref instant par Isis, le temps de donner un enfant. Cet enfant à naître sera chétif et prématuré. Osiris va mourir mais conserver la royauté dans un espace libre sous la terre mais sous un aspect qu’on ne peut pas voir. Osiris aura une cour de corps inertes avec une vie éternelle. Des choses vont survivre : le Kâ (énergie vitale) qui peut décliner et augmenter par l’apport d’offrandes et le Bâ (un oiseau à tête humaine). Le nom, caractérisation de la personne, sera gravé sur les monuments funéraires avec un corps de substitution (la statue) dans la chapelle funéraire. Le Bâ sort de la tombe pendant la journée et va rentrer le soir dans le monde souterrain pour revenir dans le corps, son refuge.
La préservation du corps est très importante : opération de purification, séché à l’aide d’un sel naturel, oing, viscères mises à part, emmailloté de bandelettes.
Les gens ordinaires seront enterrés dans des cuves en bois. Les parois seront décorées de représentations d’offrandes, couvertes de colonnes et de textes de sarcophages reprenant beaucoup de chapitres des textes des pyramides (démonstration des rites funéraires). Au fond des cuves et sur les parois, une cartographie d’un espace imaginaire à parcourir pour atteindre le paradis égyptien : le champ des roseaux. Tout un périple complexe à traverser avec une succession de portes à franchir : une alternance de zones de ténèbres et de feu, deux chemins le fluvial et le terrestre. Les cercueils vont par paire : le cercueil interne (le parcours de la lune) et le cercueil externe (le parcours du soleil). Les deux cercueils sont emboités avec les deux plans, la momie est à l’intérieur. Sur le couvercle figure la déesse Nout. Le corps est donc bien au centre d’un univers.
Les textes des sarcophages ont sur différents supports : papyrus, calcaires, linceuls, qui vont envelopper le défunt.
1)Â Â Â Â Â Le Livre des Morts
Le livre des morts va reprendre tous les éléments des textes des sarcophages. C’est une conception de l’espace paradisiaque, un rouleau de plusieurs feuilles de papyrus. Il coûte deux ans de salaire. Il peut varier en longueur : de 42 cm à 35 m ; le plus long fait 44 mètres. Il est roulé et placé dans le cercueil à côté de la momie. Il est standardisé. Qu’importe la ressemblance physique avec le personnage représenté, c’est un défunt avec son épouse qui bénéficie de tout ce que le livre va lui donner. Il est composé de 172 chapitres, dont :
-         L’arrivée devant Osiris
-         Les premières formules d’entrée et de sortie dans le monde des morts
-         Le grand chapitre d’explication religieuse (connaissance théologique)
-Â Â Â Â Â Â Â Â Â Les portes et portails
-         La justification devant les tribunaux des grandes villes saintes d’Egypte
-         L’élimination des êtres malfaisants
-         La confession négative
Les statuettes sont là pour effectuer les corvées en lieu et place du défunt.
Le roi va être le fils charnel du dieu. Cette nature en trainera un lieu de sépulture particulier : dans la vallée du roi, surmontée d’un massif montagneux (comme une pyramide). La destinée du roi est la destinée solaire.
2)     Le Livre de l’Am Douat
C’est le livre des demeures secrètes, un voyage à travers un espace qui comprend 3 registres :
-         Entre la 1ère heure et la 4ème heure : la barque vogue
-         À la 4ème heure : le serpent Apophis va avaler l’eau, la barque n’avance plus
-         Entre la 4ème et la 7ème heure, la barque sera tractée par le dieu Ré et ses acolytes après avoir massacré le serpent mais l’eau ne sera pas recrachée. La barque arrive à la dernière heure de la nuit
3)Â Â Â Â Â Le Livre de la Vache du Ciel
C’est une adaptation. Ce livre existe à partir de Toutankhamon. La déesse Nout est la vache. Le soleil va vivre au-dessus du ciel.
4)Â Â Â Â Â Le Livre des Portes
C’est le livre de franchissement des espaces : 12 espaces – 12 portes.
-         1er espace : passage à l’horizon ouest
-         Entre le 5ème et le 6ème espace : anéantissement d’Apo fis
-         12ème espace : après la balance et le jugement, c’est la régénération du corps, du dieu Ré grâce à Osiris.
Après Ramsès, des livres avec une grande complexité vont occuper tout le champ de le chambre funéraire.
5)Â Â Â Â Â Le Livre de la Nuit
Ce livre va faire intervenir une nouvelle session du voyage du soleil.
La tombe de Padiamenopée (7ème siècle avant notre ère) est une tombe gigantesque : plus de 1 000 m² de parois préservées (à l’origine : + de 2 600 m²). C’est une synthèse de tous les textes funéraires en Egypte.