Une anthologie avec Jean-Charles Flamion, Quentin Foureau, Morgane Caussarieu, John Steelwood, Jean-Pierre Favard, Pierre Brulhet, Joëlle Cordier, Bruno Pochesci, Unity Eiden, Théo Gwuiver et 6 illustrations de Nejma El Goumzili ? Il fallait oser et c’est Nouvelles Peaux !
Quelle excellente idée de demander à dix auteurs de revisiter à leur plume les œuvres d’Edgar Alan Poe ! Des nouvelles pertinentes, percutantes, fascinantes dans un style vif, pressé et précis !
A lire absolument !
Un extrait de ma préférée SMS de Jean-Charles Flamion :
« J’ai assassiné mon meilleur ami. C’est une vérité brutale, sans détour, et le point de départ de cette histoire. Je l’écris, cette histoire, en jurant devant l’Eternel et les hommes qu’elle est vraie. J’ai donc tué Guillaume pour une raison que je qualifierais de naturelle parce que celui qui vous parle a conscience de ce qu’il est : un être dans toute son extraordinaire simplicité.
J’avais vingt-quatre ans et je manquais cruellement d’amour. Le célibat me rongeait et faisait de moi un garçon en perpétuelle errance. Les sites de rencontres sur internet avaient fini par faire monter la plus brûlante des impatiences. Animé tant par la jalousie que par une révolte souterraine, j’ai donc commis l’irréparable. Je ne pouvais accepter l’idée de privation, de dépossession et encore moins endosser le rôle passif du spectateur qui se contente du bonheur des autres. En effet, Guillaume avait trouvé ce qui m’avait échappé jusque-là  ; la plus jolie des dulcinées, parfaite représentation de mon idéal amoureux. Cette fille avait un visage aux traits symétriques, des cheveux noirs et raides qui faisaient merveilleusement contraste avec sa peau couleur lait, parfait décor enneigé où pétillaient des yeux en amande d’un bleu horizon. Sa bouche, large et généreuse, avait la magie d’une porte derrière laquelle tout devient possible, sexuellement parlant. Son corps avait les formes fines et gracieuses qui éveillent le plus ardent et le plus inavouable des désirs. Cette fille, donc, était sienne et ce qui était à Guillaume semblait me revenir de droit car l’amitié sincère et profonde qui nous unissait dictait des lois mystérieuses que je ne peux expliquer même aujourd’hui. Lorsqu’il m’a présenté Sonia, j’ai senti monter en moi la lave. Fantasmes, envies, regards, allusions et sourires complices, jeux de mots explicites entre elle et moi, pulsions et rêves chauds les soirs de masturbation dans ma chambre d’étudiant ; tout se bousculait. Je mourais d’envie à chaque abandon, dans mes draps salis.
Sonia hantait ma vie. »